dimanche 8 mars 2020

JOURNÉE DU 8 MARS AU BÉNIN: ENTRE CÉLÉBRATION ET FLATTERIES.


 1977, la communauté internationale officialise la journée internationale de la femme. Cette journée a été instituée pour célébrer la bravoure des luttes menées par les femmes à travers le monde pour leurs droits.

La  journée, devenue une tradition,  se  célèbre chaque année aux quatre coins du globe.
A l'instar des autres pays du monde, le Bénin célèbre aussi, et parfois même en grande pompe, cette journée dédiée à la femme.
Ce jour-là, nos braves mères, toujours fières d'elles-mêmes malgré la charge émotionnelle de cette journée,  nouent pagnes et perles et se retrouvent pour célébrer l’évènement.
Dans une fête généralement riche en couleurs, elles se rassemblent et exécutent quelques pas de danse sur tous les rythmes.

Des fleurs leurs sont jetées par les hommes  et de belles expressions ronflantes se font entendre.

Et c'est évidemment là que le bât blesse au Bénin.   Toutes ces expressions et ces fleurs jetées ne sont que flatterie et duperie.

OUI, flatterie parce que la femme béninoise semble toujours reléguée au second plan dans la société.
Bien qu'elles constituent plus de 51% de la population béninoise,  elles ne sont pas suffisamment représentées  aux postes de prises de décisions.
Et, celles qui s'y trouvent, peuvent se compter sur les doigts de la main.
Au parlement, le nombre est infirme.
 Et au gouvernement, le constat est le même.     Et ce n'est pourtant pas les qualités et  les capacités   qui leurs manquent. Non, rien de tout ça.
 Elles sont tout autant, sinon plus diplômées que les hommes.
 Mais, quand il s'agit de postes à responsabilités, les hommes qui leurs jettent les fleurs et vantent leurs mérites tous les 8 mars sont les mêmes  qui leur font obstacle du fait des pesanteurs socioculturels.

Mais, femme, celui qui, aujourd'hui, te  ferme les portes des instances décisionnelles sous prétexte que ta  place est ailleurs oublie que, dans l’Histoire de ce pays, tu as participé  à la vie politique et publique en tant qu’amazone aux 19ème siècle sous le règne du roi Guézo.
Tu as été  cette grande amazone qui montait même au front pour combattre le colon.
 Mais, te voilà aujourd'hui reléguée au second rang.

Je me sens impuissant, meurtri dans mon corps et dans mon coeur pour toi, femme.
Ma plume est sèche et acerbe et je dois m'en arrêter là pour ne pas pécher par excès de compassion.

Femme, tu dois cesser de  passer ton temps à fêter ce 8 mars, fermer tes oreilles aux belles expressions flatteuses pour te lever, te battre comme une amazone et conquérir ta place.  Car, 《l'esclave qui n'est pas en mesure d'assumer sa propre révolte, ne mérite pas que l'on s'apitoie sur son sort》.Seule la lutte paye.

         Jacob YANTCHA